Dans l’interview qu’il a accordée à Radio Vatican, le Père provincial des Jésuites de la Province d’Afrique centrale (ACE), Rigobert Kyungu Musenge, SJ, met en exergue sur les défis pastoraux, éducatifs et écologiques qui marquent la vie-mission jésuite en République démocratique du Congo et en Angola. Une présence engagée au service de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la maison commune. Jean-Paul Kamba, SJ – Cité du Vatican Cf. Vatican News
Fête de Saint Alphonse Rodriguez
Le frère Alphonse Rodriguez (1533-1617) est resté célèbre pour la sainteté extraordinaire qui brillait dans cette vie toute ordinaire du portier jésuite d’une école. Il est né à Segovia en Espagne, le deuxième fils d’un riche marchand de laine et de tissus, dont la maison confortable avait accueilli le P. Pierre Favre, un des premiers compagnons d’Ignace, quand il vint à Segovia pour prêcher. Le P. Favre aida le jeune garçon à se préparer à sa première communion, mais le chemin du frère Rodriguez vers la Compagnie de Jésus a été lent et indirect. A l’âge de 12 ans son père l’envoya au collège jésuite d’Alcala, mais ces études furent brutalement interrompues quand son père mourut. Alphonse aida d’abord sa mère à faire marcher l’entreprise familiale, et la dirigea ensuite seul. A l’âge de 27 ans il épousa Maria Suarez, dont il a eu 3 enfants, la vie de famille cessa pour lui quand ils moururent tous les quatre. Après, de lourds impôts précipitèrent son entreprise dans la faillite. Le jeune veuf se considérait comme un incapable. Dans sa détresse il se tourna vers les jésuites, qui venaient de s’installer à Segovia, pour avoir des conseils spirituels. Par la mort cruelle de son épouse et de ses enfants Dieu le conduisit vers une relation d’une grande intimité avec Lui. Le veuf passa des années de solitude et de tristesse dans la prière, tout en cherchant à accomplir la volonté de Dieu. Il désirait se faire jésuite et se présenta pour devenir prêtre jésuite, mais les jésuites qui l’ont interviewé estimèrent que son âge de 35 ans, sa trop courte éducation et sa mauvaise santé le rendaient inapte à la prêtrise. En 1568 il déménagea à Valencia, où son père spirituel avait été muté, et, pendant 2 ans il essaya d’acquérir l’éducation nécessaire à l’ordination. Il était disposé à devenir frère, si la prêtrise était exclue, mais les pères qui l’examinèrent arrivèrent à la même conclusion négative qu’auparavant. Heureusement le Père Provincial reconnut sa sainteté et l’accepta dans la Compagnie de Jésus. Le 31 janvier 1571, à l’âge de 37 ans, Alphonse Rodriguez entra au noviciat jésuite; après 6 mois il a été envoyé au collège de Montesion à Palma dans l’ile de Majorca, près de la côte espagnole. C’est là que le nouveau frère termina son noviciat et devint célèbre comme humble portier et par son amitié avec un autre saint jésuite, Pierre Claver, apôtre des esclaves, qui venaient d’arriver en Colombie. En 1579 il devint portier du collège, dont les tâches étaient de recevoir les visiteurs, et d’aller chercher le P. Jésuite ou l’étudiant, qu’on venait voir, de transmettre des messages, de faire des courses, de distribuer des aumônes au indigents, et – très important – consoler les personnes tourmentées qui n’avaient personne d’autre à qui s’adresser. C’était un travail répétitif et monotone, qui exigeait beaucoup d’humilité, mais le frère Rodriguez considérait chaque visiteur comme le Seigneur Lui-même, et le saluait du même sourire avec lequel il aurait salué Dieu Lui-même. Les étudiants sentaient la présence et l’influence du frère Alphonse et venaient lui demander un conseil, des encouragements ou des prières. Il avait 72 ans quand Pierre Claver arriva au collège, enflammé du désir de faire quelque chose de grand pour Dieu, mais incertain de comment le faire. Les deux devinrent des amis et ils discutaient souvent de la prière et de la sainteté, quand ils se promenaient sur les terres du collège. Le plus âgé encourageait le plus jeune à aller aux missions de l’Amérique du Sud. Le portier jésuite était apprécié par tous pour sa gentillesse et sa sainteté. Mais ce n’est qu’après sa mort que ses Mémoires et ses Notes Spirituelles révélèrent la profondeur et la qualité de sa vie de prière. L’humble frère avait reçu de Dieu des grâces mystiques remarquables, des extases et des visions de Notre Seigneur, de Notre Dame et des saints.Initialement regroupé et édité par: Tom Rochford, SJ Traducteur: Guy Verhaegen
Ouverture de l’année du centenaire du Collège Kubama
Jour de délices et de joie : Ouverture de l’année jubilaire du centenaire du Collège Kubama et messe du Saint Esprit 1. L’aube d’une année exceptionnelle Sous un ciel intimidant, les élèves du Collège Kubama arrivent dès 7h30, vêtus avec soin de leur uniforme spécial, marquant le début d’une année pas comme les autres. Une nouvelle habitude s’installe : l’écusson change. Il proclame avec clarté ce que l’institution célèbre — cent ans de mission au cœur de Kisantu.Cette terre, qui porte en elle une grande part de l’histoire jésuite en Afrique centrale, rassemble ses fils héritiers en la paroisse Sainte Trinité de Nkandu pour un événement majeur : la messe d’ouverture de l’année du centenaire, messe du Saint Esprit. 2. Messe solennelle : mémoire, mission, espérance À 9h30, tout étant prêt, Son Excellence Monseigneur Jean-Crispin Kimbeni, évêque de Kisantu, fait son entrée dans l’église, accompagné d’une quinzaine de concélébrants, majoritairement jésuites, tous résolus à rendre inoubliable ce jour tant attendu.La chorale du Collège Kubama et les acteurs liturgiques, soigneusement préparés, accomplissent leur tâche avec ferveur et maîtrise. L’assemblée, toute joyeuse, chante et danse aux rythmes des chants vigoureusement entonnés, dans une ferveur qui embrase les cœurs et consacre l’ouverture d’une année mémorable.Dans son homélie, Monseigneur mit l’accent sur l’amour du prochain et la formation intégrale de la jeunesse. S’appuyant sur la première lecture (Genèse 12, 1–7), il compara la vocation d’Abraham — fondée sur l’écoute, la fidélité et l’obéissance — à celle de tout jeune bien formé, capable de devenir source de bénédiction pour la société.Il exhorta les collégiens kubamiens à une obéissance indéfectible à leurs éducateurs, et s’indigna contre toute éducation qui “bourre la tête” au détriment du cœur. Il prôna une pédagogie de l’intégrité, où l’intelligence se conjugue avec la sensibilité, et où le savoir devient service.S’adressant aux enseignants, il rappela leur rôle de garants de l’éducation du cœur, les invitant à former des consciences ouvertes à l’amour du prochain. Citant la parabole du Bon Samaritain (Luc 10, 25–37), il renversa la question du pharisien : “Qui est mon prochain ?” pour lui préférer celle-ci : « De qui suis-je le prochain ? » — soulignant que le prochain n’est pas seulement celui qui souffre, mais celui qui choisit d’aimer et d’agir.Dans un moment de grande intensité, il interpella l’assemblée :« Qui serait heureux, seul au monde avec tous les biens de la terre ? » Le silence qui suivit fut une réponse éloquente.Monseigneur appela alors à viser la réussite collective, seule capable de bâtir une société solide, loin des mirages de l’individualisme qui ont trop souvent plongé nos communautés dans le chaos.Dans un climat de méditation, l’Eucharistie se poursuivit avec recueillement. Après la communion, la parole fut donnée à plusieurs figures représentatives de la communauté éducative : le président des élèves, le délégué des enseignants, le représentant des anciens du Collège (ACMSKI), le Père Préfet et chef d’établissement, ainsi que le père délégué du provincial pour l’éducation. Chacun, à sa manière, tissa un fil de gratitude, d’espérance et d’engagement.Enfin, dans un moment de grâce, Monseigneur Jean-Chrispin prit la parole. Par son verbe clair et inspiré, il déclara officiellement ouverte l’année jubilaire du centenaire du Collège Kubama CMS, scellant ainsi l’entrée dans une saison de mémoire et de renouveau.Après la messe se tint une visite à la grotte mariale, puis à la sacristie, l’évêque bénit le livre d’or du Collège, symbole vivant de l’histoire partagée et des pages à écrire ensemble. 3. L’après-messe : fête, fondation et mémoire Après la célébration, les invités se retrouvèrent dans une ambiance festive : certains au réfectoire de la communauté, d’autres dans l’enceinte de l’internat, après la pose symbolique de la première pierre du projet de construction de l’école primaire.À l’internat, l’ambiance était au rendez-vous. Le service fut assuré par le groupe G21 des élèves (cf. Foi et Joie), dans une atmosphère de danses et de musiques soigneusement choisies : anciennes pour les générations passées, actuelles pour les jeunes d’aujourd’hui. Une véritable communion intergénérationnelle.Un moment d’émotion marqua la fête : un cadeau spécial fut remis à Papa Boniface, secrétaire du Collège, qui célébrait ce jour-là ses quatre-vingts ans. Puis, ceux qui partagent avec le Collège une histoire particulière laissèrent une empreinte dans le livre d’or, désormais disponible pour tout visiteur souhaitant y inscrire un mot de mémoire ou d’espérance.Signalons qu’une forte délégation du Collège Boboto et du Collège Bonsomi était au rendez-vous. 4. Rendez-vous à la prochaine activité ! Le centenaire ne fait que commencer. Que la lumière de Kubama continue d’éclairer les chemins de demain. Gratien Nshokano, SJ / Michel Gwogwo SJ
Premiers Vœux à Kin’keso 2024
Voici le jour tant attendu, tant préparé et tant souhaité, le samedi 07/09/2024. L’accueil était prévu à 9h, mais les premiers invités arrivent plus tôt. L’ambiance s’annonce bien et la Providence nous bénit de sa bienveillance. L’arrivée des hôtes sera croissante et certains profitent, avant la messe, de visiter la communauté du noviciat. A 10h00 le Père Maître des novices donne son feu vert. Et les acteurs liturgiques avancent vers la chapelle, bercés par l’invitatoire « Mbote na bino baninga ». L’annonciateur prend la parole, galvanisant la foule et l’invite à se lever pour commencer la célébration. Dans son mot d’accueil, le célébrant, le Père Jacques BUENSI, socius du provincial et représentant le Provincial, fait mention de la célébration de la fête de la nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, en qui sont confiés quatorze novices qui vont émettre leurs premiers vœux. Après l’écoute de la Parole de Dieu, le célébrant très inspiré explique et commente le texte de l’évangile en divisant son homélie en deux grandes parties : La première partie fut une réflexion sur le projet éternel de Dieu pour l’humanité et la place de Marie dans le dessein de Dieu. Pour réaliser le projet de rédemption de toute l’humanité et pour témoigner à quel point chaque être humain est important à ses yeux, Dieu a voulu que son propre fils vienne d’une ascendance des hommes et des femmes aux mœurs édifiantes et moins édifiantes. Siècle après siècles, Dieu a non seulement délicatement choisi et préparé les hommes et les femmes de diverses conditions pour faire partie de la lignée de son Fils mais aussi il a conduit inexorablement l’histoire de l’humanité vers son accomplissement, même à travers les irrégularités et les insuffisances humaines. Comme l’a si bien chanté Noël Colombier : « Dieu écrit avec les lignes courbes, il mène où il veut par des chemins sinueux. » Dans ce projet de salut, Marie occupe une place de choix. Elle est la véritable porte par laquelle Dieu fait entrée sur cette terre. Et fêter Marie, c’est savoir dire librement Oui à Dieu. La seconde fut une adresse aux futurs scolastiques approuvés. Le père Socius du provincial a rappelé le fait que suivre Jésus et se donner à son service, est une chose belle et noble mais il est aussi exigeant, voire difficile. Pour réussir le projet de suivre le Christ, il faut garder le contact régulier avec la Parole de Dieu, la lire, la méditer et la vivre au quotidien. Tous les rites liturgiques respectés, alors vint le moment décisif de l’émission des vœux. Les quatorze votants s’avancent et tous émettent leurs vœux avec beaucoup d’émotions. Après la communion, le Père Maître remit à chacun des nouveaux scolastiques le crucifix en signe mémorable de leur engagement à la sequela Christi. Puis nous avons tous rendu grâce à Dieu par le très beau chant Swahili ‘’Kwa mema yote’’. Fortifiée par la bénédiction finale, les invités quittent la chapelle. Quelle ambiance ! Que des retrouvailles, les accolades, des rires aux éclats et les ‘’proficiat’’ dans la court. Les invités se dirigent ensuite à tour de rôle dans les différentes salles, selon les indications que données par le service de protocole. Quelques temps après, la maison et ses hôtes furent honorés par la présence paternelle de son excellence Mgr Jean-Crispin KIMBENI Ki Kanda, l’ordinaire du lieu, venu encourager ces jeunes religieux et leur transmettre en personne ses vives félicitations. Tout est bien qui finit bien, Peu avant quinze heures nos hôtes prennent le chemin de retour, tout en nous remerciant de l’accueil si chaleureux. Les novices et les nouveaux scolastiques se mettent au travail, remettant les choses en ordre pour faire place à la soirée festive communautaire, au cours de laquelle la communauté dit aurevoir aux nouveaux scolastiques. Après les vêpres, la soirée festive peut commencer à l’esplanade I du noviciat. Tous les compagnons (novices, nouveaux scolastiques, formateurs, le Père Jules SOH, sj venu prêcher la retraite annuelle et le Père Socius du provincial). Au rythme de la musique, quelques pas de danse s’exécutent. Un autre temps marquant fut les deux mots de circonstance. D’abord cellui du Bidelle sortant exprimant au nom de tous les nouveaux scolastiques, la gratitude au Père Provincial (empêché et représenté) et à toute l’équipe formatrice du noviciat pour tous les biens et les services dont ils ont été bénéficiaires. Il encouragea également les restants à poursuivre leur formation au noviciat avec « un cœur large et généreux. » Puis celui du Bidelle entrant, remerciant tous les nouveaux scolastiques pour tous les bons moments passés ensemble. Et pour tous les services rendus et les conviant à « veiller à ce que l’ardeur des études n’attiédisse pas en eux l’amour des vertus et de la vie religieuse » (Const. 340). La soirée se clôtura avec la prière. Le jour suivant, après la messe dominicale et le petit déjeuner, les premiers véhicules se mettent en route ; les uns sous la direction du Père Adolphe MUBIALA, Socius du Père Maître accompagnant vers leur taxi ceux qui partaient vers Lufu, à la frontière Angolaise et les autres sous la direction du Père Maitre et du Frère ministre pour Kinshasa.
Ordination presbytérale prémices des Pères Bagayamukwe et Mukadi
Un concours de circonstances ô combien gratifiantes et galvanisantes a pu imprégner la communauté jésuite présente à Lubumbashi, et avec elle, ses amis et bienfaiteurs, en l’occurrence les familles des Nôtres. Oui, c’est le cas de le professer fièrement. Du jeudi 22 au lundi 26 août en cours, nombre d’épisodes ‘‘kairotiques’’, connexes à l’ordination sacerdotale de nos compagnons Claudien Bagayamukwe et Christian Mukadi, ont rendu patent le doigt de Dieu en permettant de scander à gorge déployée la sacrée formule : Digitus Dei est hic (le doigt de Dieu est ici). De tels événements fastes, pour paraphraser le poète romain Catulle, méritent d’être marqués d’une pierre blanche. Ainsi, tout en plaçant un accent focal sur le déroulement de l’ordination et des prémices célébrées intra parietes selon notre coutume, cette narration évoquera, bien qu’à vol d’oiseau et sélectivement, quelques autres activités collatérales. Faisons remarquer que l’ébullition a commencé dès le jeudi 22 lors de l’arrivée de son Eminence Jean-Claude cardinal Hollerich, S.J., l’archevêque de Luxembourg et le consécrateur de nos confrères. L’accueil chaleureux, et même triomphal, lui réservé depuis l’aéroport par l’Eglise locale de Lubumbashi et l’instance jésuite, a laissé des empreintes d’une hospitalité proverbiale. C’est l’archevêché de Lubumbashi qui s’est portée garante d’héberger gratis pro Deo cet hôte de marque et la délégation venue du Japon. Au lendemain de son arrivée, c’est-à-dire le vendredi 23, dans la ville cuprifère, le cardinal jésuite a eu le loisir de rencontrer certaines autorités politico-administratives du lieu, notamment le gouverneur de la province du Haut-Katanga, et de visiter des institutions jésuites comme le collège Mwapusukeni ainsi que le Centre Arrupe pour la Recherche et la Formation (CARF). Ces différentes visites s’étant déroulées à la matinée, le prince de l’Eglise a été accueilli à la communauté Kwenu-Kwenu aux environs de 12h30 pour un repas fraternel. Ce moment mémorable de convivialité a réuni, outre le cardinal et son secrétaire, la délégation venue du Japon dans laquelle il y avait le Provincial japonais, le Provincial ACE et son Socius, certains membres des familles des Nôtres ainsi que les jésuites œuvrant à Lubumbashi et certains venus d’ailleurs. Peu après le repas, le cardinal a dû prononcer une conférence au CARF vers 15h30 sous le thème : « Le parcours synodal : pour une Eglise à l’écoute de l’Esprit et au service du peuple de Dieu en Afrique. » Le cardinal est, signalons-le, le rapporteur général du synode sur la synodalité. Modéré par le père Toussaint Kafharire, S.J., ce colloque, ayant essentiellement consisté en une interaction familière entre le conférencier et le peuple de Dieu, a connu une grande participation et une large audience. A l’orateur principal s’était joint Mgr Richard Kazadi, l’évêque de Kolwezi, qui était présent dans la salle, afin d’éclairer la lanterne sur certains défis que le synode en cours lance à l’Eglise d’Afrique. Terminé vers 18h00, cet échange fut saisissant et enrichissant à bien des égards. D’ores et déjà, l’interlocution finie, toute l’attention ne pouvait plus être tournée que vers la date fatidique. C’était le samedi 24. Comme préétabli, dès 10h00, le cortège liturgique faisait déjà l’entrée en l’église paroissiale Saint-Esprit de l’aumônerie universitaire de Lubumbashi. C’était l’orée de la célébration eucharistique au cours de laquelle ont été admis dans l’ordre sacerdotal nos compagnons Bagayamukwe et Mukadi. Sans omettre la présence de nombreux prêtres concélébrants, dont les Provinciaux jésuites (ACE et Japon), le prestige de cette liturgie a été spécialement accru par la concélébration de l’ordinaire du lieu, Mgr Fulgence Muteba, l’archevêque métropolitain de Lubumbashi et président de la CENCO, qui a accompagné son collègue et l’officiant principal, le cardinal Hollerich. Que c’était magnifique et mirifique ! Favorisée par l’action d’une chorale orfèvre en la matière, la liesse et l’allégresse avaient déployé les tentacules de leur contagiosité dans le chef du peuple de Dieu. Juste après l’Introït, le père Jean-Paul Kamba, S.J., le vicaire paroissial faisant l’office du curé, avait pris la parole pour présenter succinctement des invités de marque et témoigner sa reconnaissance à toute l’assemblée orante pour sa participation active à cette célébration. Inspirée des Béatitudes, la parénèse de l’officiant, adressée spécialement aux ordinands, a insisté sur trois aspects : le regard compatissant, la promesse du royaume de Dieu et l’amour de la croix. A cet égard, pour communiquer le bonheur au prochain, ainsi que le fait le Christ, il est impérieux de cultiver un regard compatissant et miséricordieux sur l’autre. Un regard, non pas inquisiteur, mais celui qui s’évertue à percevoir le côté angélique repérable dans chaque homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Aussi convient-il, avait-t-il poursuivi, de promettre et d’instaurer le royaume de Dieu dès ici et maintenant plutôt que d’endormir les gens dans une expectative léthargique. La construction de ce royaume requiert une noble lutte pour les valeurs évangéliques et humanisantes. Par ailleurs, le prédicateur a martelé sur l’inhérence de la croix à la sequella Christi. En fait, la vie chrétienne, notamment le sacerdoce, est également parsemée par une avalanche d’épreuves et de persécutions. Mais il reste que le disciple fidèle est censé demeurer persévérant dans les tribulations, tout en comptant sur la grâce de Dieu dans l’espoir de la récompense imputrescible qui l’attend au bout du compte. Après les rites de l’ordination et des cérémonies y afférentes, la messe a suivi sa trajectoire coutumière. Mais avant de communiquer quelques dispositions protocolaires et d’accorder la bénédiction finale, un espace-temps a été loué à quelques mots de circonstance, respectivement prononcés par le père Christian Mukadi, S.J., le Provincial jésuite du Japon et celui d’Afrique Centrale. Ayant parlé au nom de son collègue et du sien propre, le nouveau prêtre Mukadi a résumé son mot en un mot : merci. Il a remercié Dieu ainsi que toutes les personnes ou structures qui les ont soutenus jusqu’à cette phase cruciale qu’est le sacerdoce. En polyglotte talentueux, il a prononcé son discours en trois langues : le français, le japonais et l’anglais. Il y avait de quoi l’admirer. Pour sa part, le Provincial japonais a tenu à rendre grâce à Dieu pour la grâce du sacerdoce accordée
Fête de St Ignace en Angola
Ce 31 juillet 2024, les jésuites en Angola, se sont rassemblées pour partager la joie de la mission. Des compagnons venus de Mbanza Congo ont effectué un long voyage pour donner priorité à cette date qui marque l’identité jésuite. Ceci montre que la mission de la Compagnie en Angola, n’est pas que la dispersion apostolique ; elle est aussi et surtout expression d’une vie-mission vécue ensemble. Cette vie se manifeste non pas seulement en des moments réguliers de convivialité, mais aussi en des occasions spéciales comme ce moment particulier de la fête de Saint Ignace de Loyola. Les jésuites en Angola ont vécu cette date du mercredi 31 juillet 2024 dans un esprit de prière, de méditation, de partage d’émotions et de joies. Sous la mobilisation du père supérieur Michel N’Tangu, sj, et sous l’organisation du directeur du centre spirituel, le père Pierre Vata, sj, les compagnons venant de divers points de l’Angola et de l’Afrique, se sont rencontrés au « Centro de Espiritualidade Sâo Joâo de Brito », à Viana, Luanda. L’événement s’est structuré en deux moments spéciaux : l’Eucharistie et les Agapès. La messe a marqué l’ouverture de la fête. Elle a débuté à 17h 35’. Elle a été présidée par le père Jean-Paul Mukonkole, sj ; et concélébrée par les pères Michel N’Tangu, sj, et André Samalambo, sj. Les chants liturgiques ont été animés par des scolastiques aux études spéciales, en régence et en philosophie. Ils sont venus respectivement de Kinshasa, de Harare et de Cameroun. L’homélie a été faite par le père André Samalambo. Elle a tourné auteur de la figure de Saint Ignace. L’un des éléments fondamentaux mis en relief, c’est le « Magis » qui constitue le trait identitaire du jésuite : « Il faut rêver grand, car la vie elle-même se charge de rapetisser la réalisation de nos projets. Si on rêve petit, la vie nous réduit à une petitesse extrême », a souligné le prédicateur. Cette liturgie a pris fin à 19h00, ouvrant le deuxième moment des Agapès qui a été organisé par le Père Vata, sj, dans le réfectoire du centre spirituel. En plus de la spontanéité de l’expression de la joie de la rencontre, ce repas a été marqué par deux moments fondamentaux : le Remerciement et l’Accueil Spécial. D’une part, en guise d’aurevoir au Père Pedro Pereira Tomas, sj, qui a reçu une nouvelle mission, la communauté jésuite en Angola, en la personne du père supérieur, l’a chaleureusement remercié pour tous les services qu’il a rendus à la Compagnie et à l’Eglise en Angola. En effet, après plusieurs années comme curé de la paroisse Beata Anuarite Nengapeta, le Père Pedro Pereira Tomas a rendu d’énormes services respectivement comme Délégué du Provincial pour l’Angola, Consulteur de Province, Admoniteur, Curé-Doyen du vicariat de Sâo Joâo Calabria, Secrétaire National de Caritas Angola et professeur d’anglais à l’école primaire de Santa Teresinha. Il part aux Etats Unis d’Amérique pour les études, laissant, derrière soi, une histoire qui continue de se faire, mais aussi des défis apostoliques pour les jésuites œuvrant en Angola. D’autre part, avec des mots d’accueil, la communauté de l’Angola a souhaité la bienvenue au père Basilio Nuno Lino Calundu, sj, qui, après six mois d’absence (temps passé au troisième an à Bukavu, RD Congo), est rentré en Angola pour continuer de servir l’Eglise et la Compagnie. Un chaleureux accueil lui a été réservé par tous les compagnons. C’est donc dans cet esprit de fraternité que les compagnons de l’Angola ont vécu la fête de Saint Ignace. L’événement a été clôturé à 21h00 par une prière orientée par le père Pedro Pereira. Après que les dernières lanternes se soient éteintes dans le Centre Spirituel Saint Jean de Brito, les compagnons se sont dispersés, les uns rentrant en leurs lieux de résidence, et les autres se préparant pour le voyage du lendemain. En union de prière ! Pedro Raul SJ
INAUGURATION DU COLLEGE MWAPUSUKENI 2
La scolarisation des jeunes reste un défi majeur du système éducatif de la République Démocratique du Congo. Près de 7,6 millions d’enfants âgés de 5 à 17 sont toujours hors de l’école. L’Etat ne peut pas à lui-seul faire face à ce défi. Aussi la Compagnie de Jésus se déploie-t-elle pour apporter sa brindille pour augmenter la chance de scolarisation des enfants. Un nouveau collège jésuite vient d’être construit dans le quartier périphérique au Plateau Karavia IV de la commune Annexe de Lubumbashi. Il s’agit du collège MWAPUSUKENI/2 que le Père Provincial, Rigobert Kyungu SJ, a béni et inauguré le 16 décembre 2023 comme une école jésuite catholique privée agréée. Le collège comprend trois cycles d’enseignement : la crèche, la maternelle et le primaire. Il est dit Mwasupusukeni/2 puisqu’il a été conçu comme pépinière du collège technique Mwapusukeni/1, don du couple Carine et Moïse Katumbi, qui fonctionne à Lubumbashi depuis 2013. Les deux écoles sont distantes l’une de l’autre de près de six kilomètres. Comme les autres collèges jésuites, ce nouveau-né a une double mission : promouvoir l’éducation de qualité en visant toujours l’excellence et former de véritables hommes et femmes pour et avec les autres, ouverts à la religion catholique et à l’interculturalité, soucieux de l’environnement et de la promotion de la justice. Si la crèche et l’école maternelle sont complètes, l’école primaire est par contre en progression. La cinquième année primaire ouvrira ses portes l’année scolaire prochaine, et ainsi suivra la dernière année du primaire. La direction de la crèche et de la maternelle est tenue par une religieuse de Saint Ursule, une congrégation de spiritualité ignatienne. Le directeur du primaire est un ex-jésuite. Tenez, c’est le seul collège jésuite dans la province qui compte un jésuite parmi les enseignants du primaire. Il tient de main de maître la classe de deuxième année. Il s’agit du scolastique Eric Ibanda SJ. Conçu selon les normes modernes, l’édifice est immense avec trois classes de maternelle au rez-de-chaussée, et les classes de primaire au premier et deuxième étage, une salle d’informatique bien équipée, une salle de musique, quatre bureaux de direction spacieux et bien équipés, une cantine et ses dépendances, et des installations sanitaires suffisantes pour élèves (garçons et filles) et pour le personnel (hommes et femmes). Il y a des locaux vides dont l’usage sera défini au fur et à mesure que les besoins le demanderont. La crèche et ses dépendances sont situées en dehors du site de Maternelle et Primaire, mais juste de l’autre côté du mur. Le mobilier en nombre suffisant est adapté à chaque niveau d’étude. Si les travaux de construction de cette œuvre ont duré 14 mois, il faut dire que ses plans et devis initiaux remontent à 2013. Il a fallu ce temps pour consolider d’abord Mwapusukeni/1, lever ensuite les fonds nécessaires en vue de réaliser Mwapusukeni/2. Une communauté jésuite attachée à ce nouveau collège est en construction dans un espace mitoyen. Le gros œuvre est presque fini. Une dalle est coulée au-dessus pour laisser la porte ouverte à une augmentation de la capacité d’accueil à l’avenir. Le rez-de-chaussée de la communauté prévoit trois chambres spacieuses complètes (bureau, chambre à coucher et salle de bain), les espaces privés et les lieux communs. La chapelle peut accueillir quelques personnes extérieures pour l’eucharistie. A la naissance d’un bébé, nul ne pense plus aux douleurs d’enfantement. Cette nouvelle naissance dans le réseau des collèges est une question de gestion financière transparente, de rigueur sur terrain, de suivi dans les détails et d’excellentes relations humaines dont le Père Max Senker SJ a fait preuve. C’est l’occasion de lui exprimer la gratitude du réseau des collèges ACE et de remercier toute la province pour cette belle œuvre. Augustin Kalubi SJ