Ordination presbytérale prémices des Pères Bagayamukwe et Mukadi

Un concours de circonstances ô combien gratifiantes et galvanisantes a pu imprégner la communauté jésuite présente à Lubumbashi, et avec elle, ses amis et bienfaiteurs, en l’occurrence les familles des Nôtres. Oui, c’est le cas de le professer fièrement. Du jeudi 22 au lundi 26 août en cours, nombre d’épisodes ‘‘kairotiques’’, connexes à l’ordination sacerdotale de nos compagnons Claudien Bagayamukwe et Christian Mukadi, ont rendu patent le doigt de Dieu en permettant de scander à gorge déployée la sacrée formule : Digitus Dei est hic (le doigt de Dieu est ici).

 De tels événements fastes, pour paraphraser le poète romain Catulle, méritent d’être marqués d’une pierre blanche. Ainsi, tout en plaçant un accent focal sur le déroulement de l’ordination et des prémices célébrées intra parietes selon notre coutume, cette narration évoquera, bien qu’à vol d’oiseau et sélectivement, quelques autres activités collatérales.

Faisons remarquer que l’ébullition a commencé dès le jeudi 22 lors de l’arrivée de son Eminence Jean-Claude cardinal Hollerich, S.J., l’archevêque de Luxembourg et le consécrateur de nos confrères. L’accueil chaleureux, et même triomphal, lui réservé depuis l’aéroport par l’Eglise locale de Lubumbashi et l’instance jésuite, a laissé des empreintes d’une hospitalité proverbiale. C’est l’archevêché de Lubumbashi qui s’est portée garante d’héberger gratis pro Deo cet hôte de marque et la délégation venue du Japon.

Au lendemain de son arrivée, c’est-à-dire le vendredi 23, dans la ville cuprifère, le cardinal jésuite a eu le loisir de rencontrer certaines autorités politico-administratives du lieu, notamment le gouverneur de la province du Haut-Katanga, et de visiter des institutions jésuites comme le collège Mwapusukeni ainsi que le Centre Arrupe pour la Recherche et la Formation (CARF). Ces différentes visites s’étant déroulées à la matinée, le prince de l’Eglise a été accueilli à la communauté Kwenu-Kwenu aux environs de 12h30 pour un repas fraternel. Ce moment mémorable de convivialité a réuni, outre le cardinal et son secrétaire, la délégation venue du Japon dans laquelle il y avait le Provincial japonais, le Provincial ACE et son Socius, certains membres des familles des Nôtres ainsi que les jésuites œuvrant à Lubumbashi et certains venus d’ailleurs.

Peu après le repas, le cardinal a dû prononcer une conférence au CARF vers 15h30 sous le thème : « Le parcours synodal : pour une Eglise à l’écoute de l’Esprit et au service du peuple de Dieu en Afrique. » Le cardinal est, signalons-le, le rapporteur général du synode sur la synodalité. Modéré par le père Toussaint Kafharire, S.J., ce colloque, ayant essentiellement consisté en une interaction familière entre le conférencier et le peuple de Dieu, a connu une grande participation et une large audience. A l’orateur principal s’était joint Mgr Richard Kazadi, l’évêque de Kolwezi, qui était présent dans la salle, afin d’éclairer la lanterne sur certains défis que le synode en cours lance à l’Eglise d’Afrique. Terminé vers 18h00, cet échange fut saisissant et enrichissant à bien des égards.  

D’ores et déjà, l’interlocution finie, toute l’attention ne pouvait plus être tournée que vers la date fatidique. C’était le samedi 24. Comme préétabli, dès 10h00, le cortège liturgique faisait déjà l’entrée en l’église paroissiale Saint-Esprit de l’aumônerie universitaire de Lubumbashi. C’était l’orée de la célébration eucharistique au cours de laquelle ont été admis dans l’ordre sacerdotal nos compagnons Bagayamukwe et Mukadi. Sans omettre la présence de nombreux prêtres concélébrants, dont les Provinciaux jésuites (ACE et Japon), le prestige de cette liturgie a été spécialement accru par la concélébration de l’ordinaire du lieu, Mgr Fulgence Muteba, l’archevêque métropolitain de Lubumbashi et président de la CENCO, qui a accompagné son collègue et l’officiant principal, le cardinal Hollerich.

Que c’était magnifique et mirifique ! Favorisée par l’action d’une chorale orfèvre en la matière, la liesse et l’allégresse avaient déployé les tentacules de leur contagiosité dans le chef du peuple de Dieu. Juste après l’Introït, le père Jean-Paul Kamba, S.J., le vicaire paroissial faisant l’office du curé, avait pris la parole pour présenter succinctement des invités de marque et témoigner sa reconnaissance à toute l’assemblée orante pour sa participation active à cette célébration.

Inspirée des Béatitudes, la parénèse de l’officiant, adressée spécialement aux ordinands, a insisté sur trois aspects : le regard compatissant, la promesse du royaume de Dieu et l’amour de la croix. A cet égard, pour communiquer le bonheur au prochain, ainsi que le fait le Christ, il est impérieux de cultiver un regard compatissant et miséricordieux sur l’autre. Un regard, non pas inquisiteur, mais celui qui s’évertue à percevoir le côté angélique repérable dans chaque homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Aussi convient-il, avait-t-il poursuivi, de promettre et d’instaurer le royaume de Dieu dès ici et maintenant plutôt que d’endormir les gens dans une expectative léthargique. La construction de ce royaume requiert une noble lutte pour les valeurs évangéliques et humanisantes.  Par ailleurs, le prédicateur a martelé sur l’inhérence de la croix à la sequella Christi. En fait, la vie chrétienne, notamment le sacerdoce, est également parsemée par une avalanche d’épreuves et de persécutions. Mais il reste que le disciple fidèle est censé demeurer persévérant dans les tribulations, tout en comptant sur la grâce de Dieu dans l’espoir de la récompense imputrescible qui l’attend au bout du compte.  

Après les rites de l’ordination et des cérémonies y afférentes, la messe a suivi sa trajectoire coutumière. Mais avant de communiquer quelques dispositions protocolaires et d’accorder la bénédiction finale, un espace-temps a été loué à quelques mots de circonstance, respectivement prononcés par le père Christian Mukadi, S.J., le Provincial jésuite du Japon et celui d’Afrique Centrale.

Ayant parlé au nom de son collègue et du sien propre, le nouveau prêtre Mukadi a résumé son mot en un mot : merci. Il a remercié Dieu ainsi que toutes les personnes ou structures qui les ont soutenus jusqu’à cette phase cruciale qu’est le sacerdoce. En polyglotte talentueux, il a prononcé son discours en trois langues : le français, le japonais et l’anglais. Il y avait de quoi l’admirer. Pour sa part, le Provincial japonais a tenu à rendre grâce à Dieu pour la grâce du sacerdoce accordée aux nouveaux ordonnés, missionnaires au Japon. Il a également salué toute l’assemblée pour sa fervente dévotion. Notre Provincial, quant à lui, a circonscrit son intervention en un mot : la communion. A l’en croire, cette circonstance a manifesté, sous divers aspects, la communion. La communion entre le ciel et la terre, la communion entre l’Eglise universelle et celle locale, la communion entre la Compagnie de Jésus et l’archidiocèse de Lubumbashi, la communion entre l’ACE et la Province du Japon, etc.

C’était aux environs de 13h00 que la messe avait pris fin. Après, s’en était suivi le régal mais dans deux sites différents. Alors que certains convives étaient restés dans la salle paroissiale, d’autres devaient se rendre au CARF, notamment des religieux et des familles des Nôtres. En plein festin, au CARF, l’on a assisté aux ballets traditionnels et à beaucoup d’autres prestations récréatives.

La fête achevée aux heures vespérales, l’on voyait déjà les compagnons, si pas tous, du moins la plupart se projeter sur le lendemain, le dimanche 25, car le père Christian Mukadi devait regagner Likasi, ses pénates, pour ses prémices. Likasi est à 120 km de Lubumbashi. Malgré cette distance, plusieurs compagnons et d’autres personnes l’y ont accompagné en guise de soutien.

Pour goûter à la primeur des grâces sacerdotales conformément à une certaine tradition jésuite qui veut que les nouveaux prêtres célèbrent l’Eucharistie inter nos, les compagnons et les familles des Nôtres devaient attendre jusqu’au lundi 26. C’était aux environs de 18h30 que les nouveaux prêtres, accompagnés de deux concélébrants dont le Provincial et le père Bienvenu Matanzonga, S.J., montaient à l’autel de la chapelle Kwenu-Kwetu avec je ne sais décrire quel rayonnement et quelle splendeur. C’était simplement inspirant et priant.  Le sanctuaire était bondé de monde jusqu’à l’extérieur. Les compagnons et les familles des Nôtres étaient là, animés de ferveur et d’ardeur, pour participer à cette merveille.

Dès l’exorde, le président de la liturgie, le père Claudien Bagayamukwe, avec sa voix suave et sur ton exhortatif, nous a rappelé le motif de cet événement : magnifier le Seigneur pour le don du sacerdoce dont le père Mukadi et lui-même ont été des récipiendaires. Dans son sermon, articulé avec autorité et vivacité, le père Christian Mukadi nous a invités à l’authenticité. Cette authenticité, impliquant le recouvrement par chacun de sa vérité et de sa liberté en tant qu’enfant de Dieu, se doit de contraster avec l’hypocrisie fustigée par Jésus. Les pharisiens et les scribes se tarabiscotent de l’extérieur, tandis qu’ils sont intérieurement putrescents. Le Christ nous met en garde contre cette extraversion ou extravagance spirituelle.

Avant la bénédiction finale, le supérieur de la communauté Kwetu-Kwenu, le père Matanzonga, a pris la parole pour féliciter les nouveaux cuisiniers de l’Eucharistie et remercier Dieu ainsi que l’assemblée pour sa participation dynamique. C’était vers 19h40 qu’était arrivé le moment de la transition : de la célébration eucharistique à la soirée festive.

La cène plantureuse a été joyeusement prise dans le jardin se trouvant devant le réfectoire de la maison Kwetu-Kwenu. Au cours du banquet, alors que la musique berçait et extasiait les convives, l’on a vu spontanément surgir sur la piste de danse quelques envoûtés de Terpsichore, la muse de la danse, avec le nouveau prêtre Bagayamukwe comme tête d’affiche. Ces instants étaient agréables à vivre.

Ces festivités ont pris fin autour de 21h30. Bien avant cela, le Provincial, le père Rigobert Kyungu, S.J., avait pris la parole pour remercier Dieu et les parents des Nôtres pour l’offrande agréable faite à Dieu, à l’Eglise et à la Compagnie de Jésus à travers leurs fils prêtres. Aussi avait-il encouragé les compagnons scolastiques étudiants à persévérer dans leur vocation religieuse et sacerdotale dans la Compagnie de Jésus en dépit de nombreuses sollicitations auxquels ils sont exposés. Le prêtre, avait-t-il renchéri, a un rôle à jouer dans la société. Ainsi, qu’ils se sentent motivés et inspirés par l’exemple de leurs aînés Bagayamukwe et Mukadi. 

Puisse le Seigneur être favorable à nos compagnons dont il a fait les prêtres de son Eglise !

BALIKI MPIA, S.J.

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