La Province d’Afrique Centrale « a commencé comme un regroupement apostolique  de trois pays : le Congo-Zaïre, le Rwanda et le Burundi » en raison, en grande partie, de leurs liens historiques avec l’ancienne puissance coloniale : la Belgique.

Pendant 34 ans, la Compagnie de Jésus en Afrique centrale a convoyé sa mission apostolique dans cette aire géographique jusqu’à la création, en 1995, de la Région dépendante Rwanda-Burundi. 

Le 25 mai 1999, les entités apostoliques jésuites du Rwanda et du Burundi ont été détachées de la PAC – dénommée ACE depuis  1995 après l’harmonisation des acronymes des Provinces et Régions jésuites pour des besoins d’informatique. 38 ans après l’érection de la PAC, le Rwanda et le Burundi jésuites devenaient, par le décret d’érection signé par le Père Peter Hans Kolvenbach, alors Général de la Compagnie de Jésus,  une entité apostolique indépendante, sous la dénomination officielle « Région indépendante du Rwanda-Burundi. Son acronyme est RWB. Depuis le 02 août  2010, la Mission d’Angola, qui appartenait jadis à la Province du Portugal,  a été « transcrite » à l’ACE.

Cette Province est née dans le  choc des indépendances africaines, de l’Assemblée plénière de l’épiscopat du Congo de 1961 et du  souffle du Concile Vatican II. Elle a débuté comme Vice-Province, sous la houlette du Père Victor MERTENS.  Elle fut érigée le 8 décembre 1961, en la fête de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, par le T.R.P. Jean-Baptiste JANSSENS, alors Préposé Général de la Compagnie de Jésus.  Mais le décret d’érection de la Province d’Afrique Centrale n’entrait en vigueur que le 25 décembre 1961, en la fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Au moment de son érection en 1961, la Province comptait  272 jésuites missionnaires et 88 jésuites africains, répartis comme suit : 14 prêtres, 44 frères et 30 scolastiques. A cette époque,  et plus précisément au moment de son indépendance, la population du Congo  atteignait à peine les 15 millions d’habitants contre 70 millions, selon les estimations démographiques actuelles. Léopoldville, la capitale, dépassait timidement les 400.000 habitants au moment de l’indépendance. La Ville de Kinshasa en compte  aujourd’hui environ dix millions d’âmes.

Dans le Catalogue ACE  2010, la Province d’Afrique Centrale compte 356 membres, plus exactement 299 si l’on soustrait de ce total général  les  jésuites « appliqués » maintenant dans les deux provinces belges de la Compagnie de Jésus. De ces 299 restants, 138 sont encore en formation. La Province d’Afrique Centrale compte actuellement vingt-sept résidences et communautés apostoliques parfois rattachées à plusieurs œuvres. Nous les présentons  en les regroupant d’après les secteurs d’activités.

Les maisons de formation. Dans l’ACE, on compte les  maisons de formation suivantes : le noviciat Notre Dame, Mère de la Compagnie de Jésus implanté à Kin’keso/Kisantu depuis 1997 et le scolasticat Saint Pierre Canisius (Collegium maximum  maison de formation pour les scolastiques aux études de philosophie) à Kimwenza fondé en 1954.

Les œuvres d’éducation des jeunes. La  Province d’Afrique Centrale s’est énormément investie dans l’éducation de la jeunesse. Elle a  cédé les petits séminaires de Lemfu, de Kinzambi, le grand séminaire de Mayidi, les collèges de Kiniati et de Mbanza-Mboma au clergé diocésain de Kisantu et de Kikwit. Actuellement, l’ACE a sept collèges (Kubama de Kisantu depuis 1926 ; Boboto de Kinshasa depuis 1937 ; Alfajiri de Bukavu depuis 1941 : l’Institut Technique et Professionnel de Kikwit depuis 1953 ; Sadisana de Kikwit depuis 1957 ; N’Temo de Kasongo-Lunda depuis 1960 et Bonsomi de Kinshasa depuis 1967) ; ces œuvres propres de la Province constituent les points de référence les plus visibles pour l’éducation intégrale des jeunes.

Les paroisses. L’ACE compte actuellement 14 paroisses : 13 en RD Congo et 1 en Angola ; depuis 2010 : la paroisse Bienheureuse Anuarite Nengapeta  à Luanda. Voici la liste des 13 paroisses en RD Congo : Sacré-Cœur à Kinshasa depuis 1965, Saint-Esprit paroisse universitaire à Lubumbashi depuis 1970, Saint Mukasa à Kikwit depuis 1971, Christ-Roi à Kisangani depuis 1976, Sainte Agnès à Kinshasa depuis 1980, Saint Pierre Claver à Bukavu et Saint Pierre Claver à Kinshasa depuis 1985, Sainte Marie à Kimwenza depuis 1893 ; Sacré-Cœur à Kikwit depuis 1912 ; Saint Guy à Djuma, depuis 1919 ; Notre Dame à Pelende depuis 1951 ; Saint Sauveur à Popokabaka depuis 1962 ; Sainte Trinité à Kisantu depuis 1975.

Les maisons de retraites. La Province considère les maisons de retraites comme des œuvres prioritaires, mais non exclusives, pour l’animation spirituelle. Elles sont dotées d’un personnel qualifié pour le ministère des Exercices et l’accompagnement spirituel. L’ACE dispose de cinq maisons de retraites : quatre en RD Congo (Manresa à Kimwenza depuis 1958, Amani à Bukavu depuis 1968, Kipalu à Kikwit depuis 1969, la Storta à Pelende depuis 1994) et une en Angola (São João de Brito, Luanda) depuis 2009.

Les œuvres de recherche, de documentation et de formation. Les bibliothèques constituent des foyers ardents de rayonnement de l’apostolat intellectuel de la Province. La Province compte : les bibliothèques Saint-Pierre Canisius à Kimwenza, Humanitas à Bukavu, Loyola à Lubumbashi, Nzo Ngemba à Kikwit ; le Centre Culturel Boboto et le laboratoire d’Expertise à Kimwenza. S’y ajoute la bibliothèque du CEPAS, spécialisée en sciences humaines et sociales.

L’apostolat social et les œuvres spécialisées. Le secteur social comprend des œuvres de promotion des droits de l’homme et de la justice dans lesquelles les jésuites de la Province travaillent : le secteur de formation juridique du Centre d’Etudes pour l’Action Sociale (CEPAS) à Kinshasa, le CADICEC (Centre Chrétien pour les Dirigeants et Cadres des Entreprises), etc. La Province s’efforce d’exprimer sa solidarité avec les faibles et les marginalisés à travers diverses autres structures : le CHECHE à Bukavu, l’hôpital de référence de Djuma, le Centre Mgr Munzihirwa pour enfants de la rue à Kinshasa, le Service Jésuite des Réfugiés (JRS) à Kisangani, à Goma et à Luanda en Angola, etc.

Médias et Culture. Les médias constituent, pour la Province, de précieux auxiliaires de notre combat pour la propagation de la foi et la promotion de la justice qu’elle implique, et des lieux de dialogue avec la culture et la religion. Au chapitre de médias et revues, on peut citer : les  Editions Loyola, le Studio Losambo, les revues Congo-AfriqueRenaître et Documentation et Information Africaine (DIA)- ces deux derniers sont des publications relevant  de la Conférence Episcopale du Congo mais confiés aux soins de la l’ACE – à Kinshasa, TelemaRaison ArdenteAfrique d’EspéranceRevue Philosophique de Kimwenza à Kimwenza, les Collections Maisha à Kikwit.

 L’apostolat intellectuel. « L’apostolat intellectuel est, pour la Compagnie de Jésus, le ‘moyen privilégié’ de sa mission. Mission que le n°1 de la Formula Instituti définit en termes de combat pour Dieu sous l’étendard de la croix, de service de Dieu seul et de l’Eglise, son Epouse sous le Pontife Romain, Vicaire du Christ sur terre, et d’envoi dans le monde entier pour la défense et la propagation de la foi ainsi que pour le progrès des âmes dans la vie et la doctrine chrétiennes [Form. Inst. 1]. C’est le service prééminent que la Compagnie doit rendre à l’Eglise ».

C’est dans ce sens que la Compagnie de Jésus prit aussi de surcroit une part active conjointe avec l’Université Catholique de Louvain dans la création de la première université congolaise : l’Université Lovanium. Sans compter leur engagement dans la formation scolaire de l’élite congolaise, les jésuites en Afrique Centrale se lancèrent tôt dans les activités intellectuelles visant un ‘bonum magis duratum’ : un bien qui (per) dure davantage.

Les années 40 virent le jour la Bibliothèque des Evolués sous l’égide du Père Jean COMELIAU (1943) et celle de l’Etoile(1949) sous la direction du Père Albert LEYSBETH. Elles visaient essentiellement un travail de vulgarisation, de formation et de promotion intellectuelle, culturelle, technique et spirituelle bien en phase avec les intérêts de l’intelligentsia congolaise montante et les besoins du grand public congolais.

En plus de ces deux bibliothèques citées, la Revue du Clergé Africain (1946), relayée par la revue Telema (1975) fut un instrument, non seulement d’apostolat intellectuel, mais également  de formation intellectuelle et pastorale unique qui contribua énormément à la formation du clergé africain et des communautés chrétiennes. Comme une barque navigue sur la mer au milieu des flots, vagues et tempêtes la secouent avant qu’elle n’atteigne le rivage, ainsi les jésuites  de la Province d’Afrique Centrale s’efforcent de rester  fidèles au service du Christ, confiant en la parole du Maître « je suis toujours avec vous jusqu’à la fin des temps » (Mt. 28,20) pour « vivre avec un élan et une ferveur renouvelés leur mission ».